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Des politiciens ou du peuple, qui entrave le plus la religion ? Une analyse de données mondiales.

Parmi 198 nations et territoires examinés par le Pew Research Center, 9 sur 10 discriminent les communautés de croyants. La Chine et le Nigeria obtiennent les pires résultats.
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Des politiciens ou du peuple, qui entrave le plus la religion ? Une analyse de données mondiales.
Image: Spencer Platt/Getty/Adaptations par CT
De jeunes chrétiens irakiens participent à un office du dimanche.

Les restrictions gouvernementales en matière de religion atteignent un niveau record à l’échelle mondiale.

L’hostilité sociale à l’égard de la religion, elle, a toutefois diminué.

C’est ce que conclut le Pew Research Center dans sa 14e analyse annuelle de la mesure dans laquelle 198 nations et territoires — et leurs citoyens — entravent les croyances et pratiques religieuses.

Une forme ou une autre de discrimination des groupes religieux a été enregistrée dans tous les cas sauf huit.

Le rapport 2024, publié au début du mois, s’appuie principalement sur plus d’une douzaine de sources en provenance des Nations unies, des États-Unis, de l’Europe et de la société civile, et reflète la situation en 2021, dernière année pour laquelle des données complètes sont disponibles.

La médiane mondiale sur l’échelle de 10 points de Pew pour les restrictions gouvernementales a atteint 3,0 pour la première fois, poursuivant une progression constante depuis un score de départ de 1,8 en 2007. Dans l’ensemble, 55 pays (28 %) ont enregistré un niveau « très élevé » ou « élevé », soit seulement deux de moins que les 57 de l’année dernière.

Le Nicaragua est mis en avant pour sa persécution à l’égard du clergé catholique.

Des différences régionales sont bien visibles : le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) ont obtenu un score de 5,9, en hausse par rapport à un score de référence de 4,7 en 2007. L’Asie-Pacifique a obtenu un score de 4,2, contre 3,2 au départ. L’Europe a obtenu un score de 3,1, contre 1,7 au départ. L’Afrique subsaharienne a obtenu un score de 2,6, contre 1,7 au départ. Les Amériques ont obtenu un score de 2,1, contre 1,0 au départ.

Les 20 critères de Pew concernant les restrictions gouvernementales comprennent notamment les efforts visant à « interdire des croyances particulières, interdire la conversion, limiter la prédication ou accorder un traitement préférentiel à un ou plusieurs groupes religieux ».

Certains éléments pris en compte se rapportent au COVID-19, comme les amendes imposées par le Canada aux églises restées ouvertes.

Treize autres mesures relatives à des actes d’hostilité religieuse commis par des individus ou des groupes comprennent « les conflits armés ou le terrorisme liés à la religion, la violence collective ou sectaire, la discrimination vestimentaire pour des raisons religieuses et d’autres formes d’intimidation ou d’abus liés à la religion ».

L’hostilité sociale à l’égard de la religion a poursuivi sa tendance à la baisse depuis le pic de 2,0 atteint en 2018, passant à 1,6, le score le plus bas depuis le 1,2 de 2009. Mais 43 pays (22 %) ont encore enregistré un niveau « très élevé » ou « élevé » en la matière, bien qu’ils soient nettement moins nombreux que les 65 pays concernés en 2012.

Le Nigeria est spécifiquement mentionné pour les affrontements entre éleveurs musulmans et agriculteurs chrétiens.

L’ordre des différentes régions en matière d’hostilité sociale correspond à celui des restrictions gouvernementales. La région MENA a obtenu un score de 3,6, revenant à un niveau proche de son score de référence de 3,7 après les années fastes de 2012-2014. L’Asie-Pacifique a obtenu un score de 1,9, contre 1,7 au départ. L’Europe a obtenu un score de 1,9, contre 1,2 au départ. L’Afrique subsaharienne a obtenu un score de 1,3, contre 0,4 au départ. Les Amériques ont obtenu un score de 0,8, contre 0,3 au départ.

Seules quatre nations obtiennent un statut « très élevé » dans les deux catégories : Afghanistan, Égypte, Pakistan et Syrie.

L’Algérie, l’Azerbaïdjan, la Chine (avec le score le plus élevé de 9,1), l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, la Malaisie, les Maldives, le Myanmar, la Russie, l’Arabie saoudite, Singapour, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan se maintiennent à leurs côtés parmi les gouvernements les plus restrictifs. Le Pakistan a rejoint la liste cette année avec le Turkménistan, tandis que le Brunei et l’Érythrée en sont sortis.

Moins de nations obtiennent le statut « très élevé » en matière d’hostilité sociale, mais s’y maintiennent notamment l’Inde, Israël et le Nigéria (avec le score le plus élevé de 8,9). Aucune nouvelle nation n’a rejoint cette liste cette année, tandis que l’Irak, la Libye, le Mali et la Somalie en sont sortis.

L’évaluation est faite sur la base d’un barème. Les 5 premières nations dans chaque indice ont été classées dans la catégorie « très élevé », tandis que les 15 suivantes ont été classées dans la catégorie « élevé ». Les 20 suivants ont été classés dans la catégorie « modéré », tandis que les 60 restants ont été classés dans la catégorie « faible ». Bien que Pew reconnaisse clairement la Corée du Nord comme nation problématique en la matière, celle-ci n’a pas été incluse dans le rapport en raison de l’impossibilité pour des observateurs indépendants d’y accéder régulièrement.

Le score de la plupart des pays figurant dans les deux listes n’a que peu ou pas évolué. Seules 16 nations ont enregistré une augmentation modérée de 1,0 à 1,9 ou plus de leur score combiné, tandis que seules neuf nations ont connu une diminution similaire. Un seul pays, le Soudan, a enregistré une baisse de 2,0 ou plus pour les restrictions imposées par le gouvernement, car une nouvelle constitution, en suspens en raison de la guerre civile, a décriminalisé l’apostasie.

En ce qui concerne l’hostilité sociale, seules la Turquie et la Bolivie ont connu une baisse similaire, cette dernière en raison de l’absence de rapports — comme il y en avait eu les années précédentes — sur l’expulsion de missionnaires protestants des régions habitées par les autochtones. À l’inverse, l’Ouganda et le Monténégro ont vu leur score augmenter de 2,0, ce dernier en raison d’actes de vandalisme à l’encontre de mosquées et du harcèlement prosélyte de certains chrétiens.

Selon Pew, les discriminations gouvernementales sont les plus fréquentes. Plus de 9 nations sur 10 (183 au total) ont enregistré au moins un incident. La discrimination sociale a été enregistrée dans plus de 8 pays sur 10 (160 au total), et 157 pays connaissent les deux formes de discrimination.

Pew recense également le type de contrainte ou de violence infligée. Les dommages matériels sont les plus fréquents dans 105 pays, l’Europe enregistrant le taux le plus élevé avec 71 % de pays concernés. La région MENA arrive en tête pour tous les autres types d’incidents, avec des agressions physiques enregistrées dans 91 pays, des détentions dans 77 pays, des déplacements dans 38 pays et des meurtres dans 45.

L’Éthiopie se distingue par la mort de 78 prêtres au cours de sa guerre civile.

Les chrétiens et les musulmans restent les groupes religieux les plus persécutés. Le nombre de nations discriminant les chrétiens est passé de 155 à 160, contre 107 au départ. Le nombre de nations discriminant les musulmans a diminué, passant de 145 à 141, mais reste en hausse par rapport au chiffre de référence de 96. La discrimination à l’égard des Juifs a également diminué, passant de 94 à 91, mais n’était enregistrée que dans 51 pays en 2007.

Dans la catégorie « autres » des bahá'ís, des sikhs et des zoroastriens sont discriminés dans 64 pays, suivis par les religions populaires dans 40 pays. Les discriminations à l’encontre des bouddhistes (dans 28 pays), des hindous (dans 24 pays) et d’une catégorie « non affiliés » composée d’athées, d’agnostiques et d’humanistes (dans 27 pays) étaient moins répandues.

Une nouvelle rubrique du rapport de Pew permet de suivre les pays qui accordent des avantages aux groupes religieux. Sur un total de 161 pays qualifiés, 127 soutiennent l’enseignement religieux, 107 offrent des fonds pour la construction ou l’entretien d’édifices religieux et 67 rémunèrent le clergé dans une certaine mesure. Dans cette dernière catégorie, plus de la moitié (36 nations) accordaient un traitement préférentiel à certaines religions. Et sur l’ensemble, 149 de ces gouvernements ont néanmoins discriminé des croyants ou se sont immiscés dans leur culte.

L’Arabie saoudite, note Pew, verse des allocations aux imams tout en bridant leurs sermons.

Outre le décompte par nations, Pew a également assemblé des données pour mesurer l’impact des restrictions et de l’hostilité sur une large part de l’humanité. Parmi les 25 plus grandes nations — représentant 5,8 des 7,8 milliards de la population mondiale en 2021 — l’Égypte, le Pakistan, l’Inde, l’Indonésie et le Nigeria ont enregistré les niveaux globaux les plus élevés. Le Japon, les États-Unis, l’Afrique du Sud, l’Italie et le Brésil offrent une situation plus favorable aux croyants.

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