L’histoire des « mages », comme les appelle Matthieu, est empreinte d’un sens particulier du mystère et de la joie. Les chrétiens la célèbrent depuis longtemps au moment de la fête de l’Épiphanie. Le mot grec epipháneia signifie « apparition » ou « manifestation ».

La « manifestation » qui a donné lieu à la fête de l’Épiphanie n’est pas celle des mages. Dans les premiers siècles du christianisme, c’est à l’épiphanie de Jésus, révélation de Dieu par excellence, que cette fête était consacrée. On y célébrait différents événements en lien avec son incarnation. Cependant, avec le temps et la mise en place de la fête de Noël, seule l’histoire des mages est restée attachée à la fête de l’Épiphanie en Occident. Mais pourquoi perpétuer cette célébration à part ?

La réponse réside dans le fait que cet épisode revêt une importance particulière pour tous les croyants d’origine non juive, ceux qui ne sont pas nés parmi le peuple élu originel.

La lecture de l’Ancien Testament s’apparente parfois à ce que l’on ressentirait en écoutant la longue histoire familiale de quelqu’un d’autre tout en se demandant ce que cela a à voir avec nous. Et soudain, nous entendons notre nom et réalisons qu’il s’agit aussi de notre histoire. C’est ce qui se passe au moment où les mages se présentent devant l’enfant Jésus. Jusqu’à présent, l’histoire de la venue du Messie était confinée à Israël, le peuple de l’alliance, mais ici, soudainement et mystérieusement, trois non-juifs ont l’intuition que sa naissance est une bonne nouvelle pour eux aussi et apportent des présents en conséquence. Voilà aussi une « épiphanie », une révélation nouvelle : la naissance du Christ n’est pas un petit pas pour une religion locale, mais un grand bond en avant pour toute l’humanité. Jésus est pour nous tous, Juifs et non-Juifs !

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J’aime la façon dont les trois rois mages sont traditionnellement dépeints comme représentant les différentes ethnies, cultures et langues du monde. J’aime la façon dont le monde dans toute sa diversité se retrouve dans l’engagement et la joie de ces mages. Ils se lancent dans une longue quête avant de pouvoir finalement être remplis « d’une très grande joie » (S21). J’aime la façon dont ces personnages se mettent à l’écoute d’une étoile, la laissant les mener vers quelque chose qui les dépasse. J’ai voulu exprimer un peu ce que cette histoire peut signifier pour nous par ces quelques vers :

Ç’aurait pu être l’histoire de quelqu’un d’autre,
Certains élus reçoivent un roi spécial.
Nous les laissons à leur gloire particulière,
Nous ne sommes pas eux, cela ne signifie rien pour nous.
Mais quand arrivent ces trois-là,
ils nous entraînent avec eux,
Non-Juifs comme nous, leur sagesse pourrait être la nôtre ;
Un pas régulier qui trouve son rythme intérieur,
Un œil de pèlerin qui voit au-delà des étoiles.
Ils ne connaissaient pas son nom,
mais ils le cherchèrent quand même,
Ils venaient d’ailleurs,
mais ils le trouvèrent quand même ;
Dans les temples, ils rencontraient
ceux qui le vendaient et l’achetaient,
Mais dans l’étable crasseuse, un sol saint.
Leur courage donne voix à nos cœurs alanguis
Pour chercher, pour trouver, pour adorer, pour se réjouir.

Ce poème, « Epiphany », est extrait de Sounding the Seasons, Canterbury Press, 2012, et utilisé avec l’autorisation de l’auteur.

Malcolm Guite est un ancien aumônier et Life Fellow du Girton College de Cambridge. Il enseigne et donne de nombreuses conférences sur la théologie et la littérature.

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