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Les 50 pays où il est le plus difficile de suivre Jésus en 2023

Les derniers rapports montrent le Nigeria et l’Afrique subsaharienne à l’épicentre de la violence djihadiste, et la Chine en tête des efforts visant à redéfinir les droits religieux.
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Les 50 pays où il est le plus difficile de suivre Jésus en 2023
Image: Image: Illustration by Mallory Rentsch / Source Image: Benne Ochs / Getty Images

Plus de 5 600 chrétiens ont été tués pour leur foi l’année dernière. Plus de 2 100 églises ont été attaquées ou fermées.

Plus de 124 000 chrétiens ont été déplacés de force de leurs foyers en raison de leur foi, et près de 15 000 sont devenus réfugiés.

L’Afrique subsaharienne — l’épicentre du christianisme mondial — est désormais aussi l’épicentre de la violence contre les chrétiens, l’extrémisme islamiste s’étant répandu bien au-delà du Nigeria.

La Corée du Nord, elle, est de retour à la première place de l’Index Mondial de Persécution 2023, le dernier classement annuel de Portes Ouvertes des 50 pays où il est le plus dangereux et difficile d’être chrétien.

Le nombre de martyrs et d’attaques d’églises est inférieur à celui du rapport de l’année dernière. Portes Ouvertes souligne cependant le fait qu’il s’agit d’un « nombre minimum absolu » et s’empresse de noter que la diminution des données disponibles ne suggère pas de réelles améliorations en matière de liberté religieuse.

Par exemple, la diminution en Chine est « due en grande partie » au fait que les autorités chinoises ont fermé près de 7 000 Églises au cours des deux années précédentes. Et la « progression » de l’Afghanistan, qui est passé de la première place l’année dernière à la neuvième cette année, « ne donne pas de quoi se réjouir », car elle s’explique par le fait que la plupart des chrétiens afghans « se sont cachés ou ont fui à l’étranger » après la prise du pouvoir par les talibans.

Dans l’ensemble, et comme l’année dernière, 360 millions de chrétiens vivent dans des pays où les niveaux de persécution ou de discrimination sont élevés. Cela représente un chrétien sur sept dans le monde, un sur cinq en Afrique, deux sur cinq en Asie et un sur quinze en Amérique latine.

Et pour la troisième fois seulement en trois décennies de suivi, les 50 pays ont tous obtenu des résultats suffisamment préoccupants pour être classés comme présentant un niveau « très élevé » de persécution dans le classement de Portes Ouvertes établi sur la base de 84 questions. Il en va de même pour cinq autres nations classées juste au-delà de la limite.

L’extrémisme islamique continue de causer le plus de persécutions (31 pays), notamment en Afrique subsaharienne où Portes Ouvertes craint que le Nigeria ne déclenche bientôt « une vaste catastrophe humanitaire » pour tout le continent. Les chercheurs notent également que la Chine a renforcé les restrictions et la surveillance numériques et « forge un réseau de nations cherchant à redéfinir les droits humains — loin des normes universelles et des libertés religieuses ». Un troisième pays d’Amérique latine, le Nicaragua, fait son entrée dans la liste alors que les gouvernements autoritaires considèrent de plus en plus les chrétiens comme des voix d’opposition.

L’objectif des classements annuels de Portes Ouvertes — qui ont montré comment la Corée du Nord commence à trouver des compétiteurs tandis que la persécution devient de plus en plus forte — est de guider les prières et de susciter une indignation qui conduise à l’action tout en montrant aux croyants persécutés qu’ils ne sont pas oubliés.

La version 2023 couvre la période du 1er octobre 2021 au 30 septembre 2022 et a été compilée à partir des rapports de plus de 4 000 collaborateurs de Portes Ouvertes dans plus de 60 pays.

Le rapport publié aujourd’hui marque également les 30 ans de la liste, créée pour la première fois en 1993 après la chute du rideau de fer. Quelles leçons Portes Ouvertes en a appris ?

Premièrement, il est clair que la persécution continue de s’aggraver. Le nombre de pays atteignant le seuil pour être suivis dans le cadre de l’Index est passé de 40 en 1993 à 76 aujourd’hui, et le score moyen des pays a augmenté de 25 %.

Pourtant, la plus grande menace pour l’Église n’est pas externe, mais interne, conclut Frans Veerman, directeur général de la recherche pour Portes Ouvertes. Et 1 Corinthiens 12 rappelle qu’aucun croyant ne devrait souffrir seul.

« La plus grande menace pour le christianisme », estime-t-il, « est que la persécution entraîne l’isolement, et lorsqu’elle est continue, elle peut entraîner la perte de l’espoir ».

Si la violence et la pression entraînent des traumatismes et des dégâts considérables, Veerman note que « de façon remarquable, de nombreux répondants à nos questionnaires continuent de dire que la plus grande menace ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur de l’Église : “La prochaine génération sera-t-elle préparée au type de persécution dont nous sommes témoins ? Sont-ils forts dans leur foi et dans la connaissance du Christ et de l’Évangile ?” »

« Cela montre que le niveau de résilience de l’Église est aussi déterminant pour son avenir dans un pays que le niveau de persécution », analyse-t-il. « Ainsi, la plus grande menace pour l’Église dans les pays où la persécution est présente est la diminution de la résilience en raison du caractère incessant de la persécution et du sentiment d’être abandonné par le reste du corps du Christ. »

Après trois décennies de recherche, Portes Ouvertes a appris que cette indispensable résilience se trouve dans « l’ancrage dans la Parole de Dieu et dans la prière », continue Veerman. Et aussi dans le courage, car l’Église persécutée est le plus souvent « active dans la diffusion de l’Évangile », « vigoureuse et en croissance contre toute attente ».

En somme, l’Église persécutée a rappelé à Portes Ouvertes la vérité de 1 Corinthiens 12.26 : « Si une partie du corps souffre, toutes les autres souffrent avec elle ; si une partie du corps est glorifiée, toutes les autres se réjouissent avec elle ».

Où les chrétiens sont-ils le plus persécutés aujourd’hui ?

L’Afghanistan n’est pas le seul à connaître un changement substantiel dans le classement de cette année. Cuba est passé de la 37e à la 27e place, en raison de l’intensification des manœuvres répressives à l’encontre des responsables et militants chrétiens opposés aux principes communistes. Avant les manifestations généralisées de 2021, le pays n’apparaissait même pas dans le classement. Le Burkina Faso est passé de la 32e à la 23e place en raison de l’augmentation de l’activité djihadiste, exacerbée par une instabilité analogue dans les pays voisins du Sahel. Le Mozambique est passé de la 41e à la 32e place, à cause du militantisme islamique dans sa région nord. Et la Colombie est passée de la 30e à la 22e place, du fait de la violence ciblée exercée par des bandes criminelles contre les chrétiens.

Les Comores ont rejoint la liste à la 42e place, gagnant 11 rangs en raison de la paranoïa accrue du gouvernement (seuls les étrangers y bénéficient de la liberté de religion). Et le Nicaragua intègre la liste pour la première fois, gagnant 11 rangs pour atteindre la 50e place en raison d’une répression dictatoriale croissante, en particulier contre l’Église catholique romaine.

Dans l’ensemble, à l’exception de l’Afghanistan qui perd huit places, les dix premières nations n’ont fait qu’échanger leurs positions de l’année dernière (voir encadré). Le Soudan a rejoint le groupe à la dixième place, devançant l’Inde qui, à la onzième place, se situe toujours à un niveau de persécution « extrême » selon Portes Ouvertes.

Étonnamment retiré en 2021 de la liste annuelle des pays particulièrement préoccupants du département d’État américain après y avoir été ajouté en 2020, le Nigeria fait de nouveau l’objet d’une attention particulière dans le rapport de Portes Ouvertes, qui note :

La violence à l’encontre des chrétiens […] est des plus extrêmes au Nigeria, où des militants peuls, de Boko Haram, de la province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest de l’État islamique (ISWAP) et d’autres groupes mènent des raids contre les communautés chrétiennes, tuant, mutilant, violant et kidnappant pour obtenir une rançon ou des esclaves sexuels.

Cette année, cette violence s’est également étendue au sud du pays, à majorité chrétienne. […] Le gouvernement nigérian continue de nier qu’il s’agit d’une persécution religieuse, de sorte que les violations des droits des chrétiens se poursuivent en toute impunité.

Comme l’année dernière, la nation la plus peuplée d’Afrique s’est classée au premier rang dans les sous-catégories de l’Index concernant les chrétiens tués, enlevés, agressés ou harcelés sexuellement, mariés de force ou victimes d’abus physiques ou mentaux, ainsi qu’au premier rang pour les maisons et les entreprises attaquées pour des raisons religieuses. Le Nigeria s’est à nouveau classé deuxième dans les sous-catégories des attaques d’églises et des déplacements internes.

Les violations de la liberté religieuse au Nigeria sont emblématiques d’une présence islamiste en pleine expansion en Afrique subsaharienne. Le Mali est passé de la 24e à la 17e place. Le Burkina Faso est passé de la 32e à la 23e place, et le Niger de la 33e à la 28e place. Plus au sud, la République centrafricaine (RCA) est passée de la 31e à la 24e place, le Mozambique de la 41e à la 32e et la RDC de la 40e à la 37e.

Les pays à majorité chrétienne se classent relativement bas dans le top 50, et comprennent la Colombie (22), la République centrafricaine (24), Cuba (27), l’Éthiopie (39), la République démocratique du Congo ou RDC (37), le Mozambique (32), le Mexique (38), le Cameroun (45) et le Nicaragua (50). Le Kenya et la Tanzanie sont tout près de figurer dans l’Index 2023

Concernant l’Amérique latine, Portes Ouvertes note :

L’oppression directe du gouvernement contre les chrétiens considérés comme des voix de l’opposition est courante au Nicaragua (50), au Venezuela (64) et à Cuba (27), où des dirigeants chrétiens ont été emprisonnés sans procès pour leur participation aux manifestations de l’année dernière. Dans de nombreux pays d’Amérique latine, le crime organisé contribue de manière importante à la persécution, notamment dans les zones rurales face à des chrétiens qui dénoncent les activités des cartels.

Parmi les 50 premières nations :

  • 11 ont des niveaux de persécution « extrêmes » et 39 des niveaux « très élevés ». Cinq autres pays ne figurant pas parmi les 50 premiers atteignent des niveaux « très élevés » : le Kenya, le Koweït, la Tanzanie, les Émirats arabes unis et le Népal. À leur suite, Portes Ouvertes recense 21 autres pays où le niveau de persécution est considéré comme « élevé ». Les seules nations dont le niveau a augmenté sont le Nicaragua et le Soudan, tandis que l’Arabie saoudite et le Sri Lanka sont les seules nations dont le niveau a baissé.
  • Dix-neuf des 50 premiers pays sont en Afrique, 27 en Asie et quatre en Amérique latine.
  • 34 ont l’islam comme religion principale, quatre le bouddhisme, un l’hindouisme, un l’athéisme, un l’agnosticisme — et dix le christianisme. (Le Nigeria est composé à parts égales de musulmans et de chrétiens.)

Pour les raisons mentionnées plus haut, la liste 2023 comprend deux nouveaux pays : les Comores et le Nicaragua. Deux autres pays ont donc quitté le top 50 : le Koweït et le Népal.

Parmi les autres augmentations notables, citons le Mali, qui passe de la 24e à la 17e place, en raison des menaces que représentent les combattants djihadistes et mercenaires dans le contexte d’un gouvernement faible qui établit un lien entre certains chrétiens et les intérêts occidentaux. De même, le Niger, autre pays du Sahel, est passé de la 33e à la 28e place, en raison des attaques continues des militants islamistes. En Amérique du Nord, le Mexique est passé de la 43e à la 38e place, en raison de la violence criminelle à l’encontre des chrétiens perçus comme une menace pour les activités illégales, ainsi que des pressions sociales auxquelles sont confrontés les croyants indigènes qui refusent de suivre les coutumes ancestrales.

Tous les mouvements importants n’ont pas été négatifs. Portes Ouvertes note la « promotion d’une plus grande tolérance » dans un certain nombre de pays du Moyen-Orient, dont Bahreïn et les Émirats arabes unis. Le Qatar a perdu 16 places, passant du 18e au 34e rang, dans la mesure où aucune église n’a été fermée l’année dernière. (Cependant, de nombreuses communautés de maison précédemment fermées le sont restées.) L’Égypte a perdu quinze places, passant du 20e au 35e rang, en raison de la diminution du nombre d’attaques signalées contre des propriétés chrétiennes. Oman a chuté pour des raisons similaires, passant de la 36e à la 47e place, et la Jordanie est passée de la 39e à la 49e place en raison de l’absence de signalements de chrétiens chassés de leurs maisons.

De quelles manières les chrétiens sont-ils persécutés dans ces pays ?

Portes Ouvertes suit la persécution dans six catégories, notamment la pression sociale et gouvernementale sur les individus, les familles et les communautés, et s’intéresse aussi particulièrement aux femmes. De nombreuses catégories ont connu des baisses cette année, mais certaines ont atteint des sommets.

Lorsque la violence est isolée en tant que catégorie, les dix premiers persécuteurs changent radicalement — seuls le Nigeria, le Pakistan et l’Inde demeurent (voir encadré). En fait, quinze nations sont plus meurtrières pour les chrétiens que la Corée du Nord. L’Ouganda a connu la plus forte augmentation de la violence, soit 3,1 points de plus que le Honduras, mais ces deux pays ne figurent pas parmi les 50 premiers. Après la baisse de 10 points enregistrée par l’Afghanistan, le Qatar a connu la plus forte diminution de la violence, suivi du Sri Lanka et de l’Égypte. Parmi l’ensemble des nations suivies, 12 n’ont vu aucun changement dans leur degré de violence, 27 l’ont vu diminuer et 37 l’ont vu augmenter.

Le nombre de martyrs a diminué de plus de 275 par rapport à l’année précédente, puisque Portes Ouvertes a recensé 5 621 chrétiens tués pour leur foi au cours de la période considérée. Représentant une baisse de 5 %, ce bilan reste le deuxième plus élevé depuis le record de 2016, qui était de 7 106 décès. Le Nigeria représentait 89 % du total.

Portes Ouvertes est connu pour favoriser une estimation plus prudente que d’autres organisations, qui évaluent souvent le nombre de martyrs à 100 000 par an.

Lorsque les chiffres ne peuvent être vérifiés, les estimations sont données en chiffres ronds de 10, 100, 1 000 ou 10 000, supposés être plus élevés en réalité. Et les données nationales peuvent ne pas être fournies pour des raisons de sécurité, ce qui entraîne l’emploi de la désignation « NN » pour l’Afghanistan, les Maldives, la Corée du Nord, la Somalie et le Yémen.

Dans cette rubrique, une nation non nommée, le Mozambique et la RDC suivent tous le Nigeria avec un décompte symbolique de 100 martyrs. Viennent ensuite la République centrafricaine avec 61 meurtres enregistrés, le Myanmar avec 42, la Colombie avec 21, et l’Inde avec 17.

Une deuxième catégorie recense les attaques contre les églises et autres bâtiments chrétiens tels que les hôpitaux, les écoles et les cimetières, qu’ils soient détruits, fermés ou confisqués. Le chiffre de 2 110 constitue une baisse de 59 % par rapport à l’année dernière, et ne représente qu’un cinquième du chiffre record de 9 488 du rapport 2020.

La Chine (16), qui a rejoint le top 20 en 2021 pour la première fois en dix ans, a pris la tête du classement avec la moitié des attaques d’églises signalées — bien que le chiffre de 1 000 qui lui a été attribué ne soit que symbolique. Le Nigeria, le Myanmar, le Mozambique, la RDC, le Rwanda et l’Angola se sont vu attribuer une centaine d’attaques à titre symbolique. Vient ensuite l’Inde qui a enregistré 67 incidents spécifiques, suivie du Mexique avec 42, de la Colombie avec 37 et du Nicaragua avec 31.

La catégorie des chrétiens détenus sans procès, arrêtés, condamnés et emprisonnés est passée à 4 542 cas, ce qui représente une baisse d’un quart par rapport au chiffre record de 6 175 enregistré dans le rapport de l’année dernière, mais reste le deuxième chiffre le plus élevé depuis que cette catégorie fait l’objet d’un suivi.

Portes Ouvertes divise ce chiffre en deux sous-catégories, avec 3 154 croyants détenus, soit une diminution de 34 %. L’Inde était en tête avec 1 711 cas et représentait 54 % du total. Elle était suivie de l’Érythrée, avec 244 cas, et de la Russie, avec 200 cas ; puis d’une nation non nommée, du Myanmar, de la Chine et du Rwanda, avec 100 cas symboliques chacun ; viennent ensuite Cuba avec 80 cas, le Salvador avec 63 cas, et le Nigeria avec 54 cas.

Le chiffre de 1 388 croyants emprisonnés est toutefois resté stable par rapport aux 1 410 cas déclarés au cours de la période précédente. Une nation non nommée, l’Érythrée, la Chine et l’Inde représentaient près de 90 % du total.

Le nombre de chrétiens enlevés a atteint un nouveau record, avec un total de 5 259, soit une augmentation de 37 % par rapport à la période précédente. Le Nigeria est à l’origine de 90 % du total, soit 4 726 enlèvements, suivi du Mozambique et de la RDC avec une centaine symbolique d’incidents chacun, puis de l’Irak avec 63, de la République centrafricaine avec 35 et du Cameroun avec 25.

La catégorie la plus nombreuse, et de loin, est celle des déplacés, avec 124 310 chrétiens contraints de quitter leur foyer ou de se cacher pour des raisons liées à leur foi, soit 43 % de moins que les 218 709 de l’année dernière. En outre, 14 997 chrétiens ont été contraints de quitter leur pays, contre 25 038 l’année dernière. Le Myanmar comptait quatre déplacements internes sur cinq (suivi du Nigeria et du Burkina Faso) et deux réfugiés sur trois (suivi de l’Iran).

Portes Ouvertes explique que plusieurs catégories sont particulièrement difficiles à décompter avec précision, la plus notable étant les 29 411 cas d’abus physiques et mentaux, y compris les coups et les menaces de mort. Le décompte de l’année dernière était de 24 678 incidents. Sur les 72 nations évaluées, 45 se sont vu attribuer un chiffre symbolique. Le Nigeria et l’Inde sont en tête (deux tiers du total), suivis par un pays non divulgué, le Myanmar, le Mozambique, l’Indonésie, la RDC et le Rwanda.

On estime que 4 547 maisons et propriétés chrétiennes ont été attaquées en 2022, ainsi que 2 210 magasins et entreprises. Dans cette dernière catégorie, 27 des 42 pays se sont vus attribuer des chiffres symboliques, le chiffre de 1 000 du Nigeria dépassant celui des neuf nations suivantes réunies (compte tenu de leurs totaux de 100 chacune). Le Nigeria, le Myanmar et la République centrafricaine ont enregistré les chiffres les plus élevés dans la première catégorie (un millier symbolique chacun), seuls l’Indonésie et l’Inde ayant pu enregistrer des cas réels (211 contre 180). L’Érythrée, la Syrie, l’Irak, le Burkina Faso, le Niger, le Mozambique, la RDC et le Cameroun complètent le top 10 et au-delà, avec chacun un total symbolique de 100 attaques.

Les catégories spécifiques aux femmes sont également difficiles à établir avec précision pour les chercheurs de Portes Ouvertes. Les cas de viols et de harcèlement sexuel ont diminué, passant de 3 147 à 2 126, avec en tête le Nigeria qui a enregistré près de la moitié du total, 34 des 47 pays ayant obtenu un score symbolique. Les mariages forcés avec des non-chrétiens ont diminué, passant de 1 588 à 717. Le Nigeria est le pays qui a obtenu le score le plus élevé dans cette catégorie où 22 pays sur 34 ayant reçu un chiffre symbolique.

Pourquoi les chrétiens sont-ils persécutés dans ces pays ?

La principale motivation varie d’un pays à l’autre, et une meilleure compréhension des différences peut aider les chrétiens d’autres pays à prier et à soutenir plus efficacement leurs frères et sœurs en Christ malmenés.

Portes Ouvertes classe les principales sources de persécution contre les chrétiens en huit groupes :

Oppression islamique (31 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans plus de la moitié des pays figurant sur l’Index, dont huit des dix premiers au total. La plupart de ces 31 pays sont officiellement des nations musulmanes ou à majorité musulmane ; toutefois, cinq d’entre elles sont en fait à majorité chrétienne : le Nigeria, la République centrafricaine (24), la RDC (37), le Mozambique (32) et le Cameroun (45). En outre, il s’agit du principal moteur dans 15 pays où la persécution est suffisante pour être suivie par Portes Ouvertes, mais qui se classent en dessous du seuil de l’Index, notamment le Kenya et la Tanzanie à majorité chrétienne.

Paranoïa dictatoriale (9 pays) : C’est la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans neuf pays, principalement dans des nations à majorité musulmane — la Syrie (12), l’Ouzbékistan (21), le Turkménistan (26), le Bangladesh (30), le Tadjikistan (44) et le Kazakhstan (48) — mais aussi l’Érythrée (4), Cuba (27) et le Nicaragua (50). Il en va de même dans six autres nations hors Index suivies : Angola, Azerbaïdjan, Biélorussie, Burundi, Rwanda et Venezuela.

Oppression communiste et postcommuniste (4 pays) : Il y a là la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans quatre pays, tous situés en Asie : La Corée du Nord (1), la Chine (16), le Vietnam (25) et le Laos (31).

Nationalisme religieux (3 pays) : C’est la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés dans trois pays, tous situés en Asie. Les chrétiens sont principalement visés par les nationalistes hindous en Inde (11) et par les nationalistes bouddhistes au Myanmar (14) et au Bhoutan (40). Même chose dans trois autres nations hors Index suivies : Israël, le Népal et le Sri Lanka.

Crime organisé et corruption (2 pays) : La principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés en Colombie (22) et au Mexique (38). Il en va de même dans trois autres nations suivies : Salvador, Honduras et Soudan du Sud.

Exclusivisme confessionnel chrétien (1 pays) : Il s’agit de la principale source de persécution à laquelle les chrétiens sont confrontés en Éthiopie (39).

Intolérance séculière (0 pays) et oppression clanique (0 pays) : Portes Ouvertes analyse ces sources de persécution, mais aucune n’est la source principale dans l’un des 50 pays de l’Index 2023.

Comment l’Index de Portes Ouvertes se situe-t-il par rapport aux autres rapports sur la persécution religieuse ?

Portes Ouvertes estime qu’il est raisonnable de qualifier le christianisme de religion la plus sévèrement persécutée au monde. Dans le même temps, l’association note qu’il n’existe pas de suivi comparable pour la population musulmane à travers le monde.

D’autres évaluations de la liberté de religion dans le monde corroborent bon nombre des conclusions de Portes Ouvertes. Par exemple, la dernière analyse du Pew Research Center sur les oppositions gouvernementales et sociétales à l’égard de la religion a révélé que les chrétiens ont subi du harcèlement dans 155 pays en 2020, soit plus que tout autre groupe religieux. Les musulmans ont subi du harcèlement dans 145 pays, suivis par les juifs dans 94 pays.

La répartition correspond aux données de Portes Ouvertes. La Chine, l’Érythrée et l’Iran se sont classés dans le top 10 des pays où Pew observe un harcèlement gouvernemental, tandis que l’Inde, le Nigeria et le Pakistan se classent dans le top 10 des pays où règne une hostilité de la société à l’égard des chrétiens. L’Afghanistan et l’Égypte sont listés dans les deux catégories.

La plupart des pays figurant sur la liste de Portes Ouvertes figurent également sur la liste annuelle du département d’État américain, qui nomme et dénonce les gouvernements qui ont « commis ou toléré des violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté de religion ».

Sa liste des pays particulièrement préoccupants (PPP) comprend le Myanmar (n° 14 dans l’Index 2023), la Chine (16), Cuba (27), l’Érythrée (4), l’Iran (8), la Corée du Nord (1), le Nicaragua (50), le Pakistan (7), la Russie (qui a quitté l’Index l’an dernier), l’Arabie saoudite (13), le Tadjikistan (44) et le Turkménistan (26). Sa liste de surveillance spéciale de deuxième niveau intègre l’Algérie (19), la République centrafricaine (24), les Comores (42) et le Vietnam (25).

Le département d’État américain dresse également la liste des entités particulièrement préoccupantes, ou acteurs non gouvernementaux à l’origine de persécutions, qui sont tous actifs dans les pays figurant sur la liste de Portes Ouvertes. Il s’agit notamment de Boko Haram et d’ISWAP au Nigeria (n° 6 dans l’Index), des talibans en Afghanistan (9), des shebabs en Somalie (2), de Hayat Tahrir al-Sham en Syrie (12), des houthis au Yémen (3), du Groupe Wagner pour ses activités en République centrafricaine (24) et, au Sahel, de l’État islamique dans le Grand Sahara et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans.

Parallèlement, la Commission américaine pour la liberté religieuse internationale (USCIRF), dans son rapport 2022, a recommandé les mêmes nations pour la liste des pays particulièrement préoccupants, avec l’ajout du Nigeria (6), de l’Inde (11), de la Syrie (12) et du Vietnam (25). Pour la liste de surveillance du Département d’État, l’USCIRF a recommandé les mêmes nations à l’exception des Comores, avec l’ajout de l’Azerbaïdjan (non classé, mais suivi par Portes Ouvertes), l’Égypte (35), l’Indonésie (33), l’Irak (18), le Kazakhstan (48), la Malaisie (43), la Turquie (41) et l’Ouzbékistan (21).

Toutes les nations du monde sont suivies par les chercheurs et le personnel de terrain de Portes Ouvertes, mais une attention approfondie est accordée à 100 nations et une attention toute particulière est accordée aux 76 qui enregistrent des niveaux « élevés » de persécution (scores de plus de 40 sur l’échelle de 100 points de Portes Ouvertes).

Pour poursuivre sur le sujet, vous retrouverez sur notre site nos reportages sur les Index de 2022 (en français), 2021 (en français), 2020, 2019, 2018, 2017, 2016, 2015, 2014, 2013 et 2012, ainsi qu’un coup de projecteur en 2010 sur les endroits où il est le plus difficile de croire. Nous avions également demandé en 2017 à des experts si les États-Unis auraient leur place sur les listes de persécution, et compilé les articles sur l’Église persécutée les plus lus en 2019, 2018, 2017, 2016 et 2015.

Toutes les informations de Portes ouvertes sur l’Index Mondial de Persécution 2023 peuvent être retrouvées en français sur les sites de Portes Ouvertes France ou Suisse.

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