Après avoir passé trois semaines dans un service de soins intensifs, Christian Blanc, le Président du Conseil National des Évangéliques de France (CNEF), a témoigné de sa guérison du COVID-19 dans le magazine français La Vie.

Christianity Today a interviewé Christian Blanc pour comprendre comment cette expérience a, en quelque sorte, « incarné » les enseignements bibliques dans sa vie et quels conseils il souhaiterait donner aux Églises pour les aider à mieux servir les malades.

Pourriez-vous résumer votre « voyage » médical, et, en particulier, nous expliquer pourquoi votre mère vous a renommé « Lazare » ?

Au cours des mois de février et de mars 2020, j’ai eu l’occasion de faire plusieurs voyages à Paris dans le cadre de mes activités en tant que Président du CNEF. Il m’a fallu notamment prendre le train et l’avion. Puis, dans la capitale, j’ai utilisé les divers transports en commun. C’est lors d’un de ces voyages que j’ai contracté le virus COVID-19. Lorsque les premiers symptômes sont apparus (toux sèche et fièvre), je suis resté à la maison pensant que mon état allait s’améliorer rapidement. Mais la situation s’est aggravée au point de me trouver en détresse respiratoire qui a nécessité une hospitalisation. Puis on m’a conduit au service réanimation où tout s’est compliqué, les jours suivants, au point que le personnel médical était plutôt pessimiste pour mon avenir. Un médecin a téléphoné à mon épouse pour lui dire que j’allais probablement mourir dans la nuit.

Mais le lendemain, il a appelé pour dire que tout se mettait à fonctionner à nouveau, il y avait donc un espoir. À partir de ce moment-là, mon rétablissement a commencé et s’est poursuivi dans les semaines qui ont suivi.

Lorsque je suis sorti du service réanimation, j’ai téléphoné à ma maman (également chrétienne évangélique), à 500 kms, qui pensait ne plus jamais me revoir. Lorsqu’elle a entendu ma voix, elle a pensé qu’on lui faisait une mauvaise farce. J’ai dû insister pour lui dire que j’étais bien son fils Christian dont l’état de santé s’améliorait. Elle me répondit : « je ne t’appellerai plus Christian mais Lazare, car, pour moi, c’est comme si tu étais ressuscité ! ». Elle a pleuré tout l’après-midi de reconnaissance et de joie.

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Qu’est-ce qui vous a soutenu durant votre séjour à l’hôpital ?

Les textes bibliques que j’avais lus si souvent, médités et prêchés aux autres, ont été pour moi un rocher sur lequel j’ai pu construire ma confiance en Dieu et mon espérance dans sa bonté et sa fidélité. Je repassais dans mon esprit ce verset d’Ésaïe 30.15 : « Vous serez sauvés seulement en vous tournant vers moi et en restant calmes. Votre seule force c’est de rester tranquille et de mettre votre confiance en moi » (Version Parole de Vie).

J’ai aussi beaucoup pensé au prophète Jérémie qui a connu une situation très difficile lors de la chute et de la destruction de Jérusalem par les armées chaldéennes. Il retrouve l’espoir en pensant à la bonté de Dieu, neuve chaque matin, à sa fidélité infaillible et à sa bienveillance généreuse. Lamentations de Jérémie chapitre 3. D’autres promesses de la Bible nourrissaient une conviction profonde : Dieu était là avec moi comme il avait été avec Joseph en prison.

Pensez-vous que votre exemple de patience et de fidélité dans la souffrance a pu interpeller les médecins et le personnel par rapport à votre foi ?

Je ne saurais pas le dire. Toutefois j’ai eu l’occasion de parler avec une infirmière de religion musulmane qui m’a demandé quel était mon métier. Ce fut l’occasion d’échanger un peu avec elle. Ce qui a été remarqué par le personnel hospitalier, c’est mon rétablissement rapide, et plusieurs ont souhaité me revoir plus tard, mais dans d’autres circonstances. « Ce qu’un homme aura semé, il le moissonnera aussi », a écrit l’apôtre Paul.

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Cette expérience a-t-elle transformé votre foi ?

En réalité, ma foi n’a pas été transformée, ni ma théologie, mais elles ont plutôt été affermies. Les textes bibliques se sont « incarnés » dans une expérience. Ils ne restent plus des points de doctrine ou seulement des vérités spirituelles, ces mots sacrés sont devenus une réalité vivante en moi. Cela me permet d’en parler avec plus de conviction. C’est comme l’écrit l’apôtre Jean dans son Évangile : « la parole est devenue chair ». C’est une vérité incarnée dans ma propre histoire.

En quoi cette expérience a-t-elle changé votre façon de présider le CNEF ? Quels conseils souhaiteriez-vous donner aux Églises françaises ?

Ma façon de présider le CNEF restera la même en interne, mais ce qui a changé touche plutôt le témoignage auprès du public. Un grand nombre d’occasions me sont offertes pour témoigner de la bienveillance divine dans plusieurs médias. Cela a permis aux évangéliques de se retrouver sur le devant de la scène, après avoir été malmenés suite au rassemblement évangélique organisé à Mulhouse, en février 2020 [voir la note de l’éditeur ci-dessous]. Cela a permis de donner un visage au CNEF.

Si j’avais un conseil à donner pour un témoignage crédible, c’est le suivant : les prédicateurs évangéliques doivent avoir le souci d’une prédication biblique qui permet de construire la foi d’une manière équilibrée et solide. Les prédicateurs ne sont pas des animateurs, des techniciens de la communication, mais des hérauts de la vérité. Une foi humble, saine et solide contribue naturellement à un bon témoignage et parle plus qu’un discours lorsqu’elle est mise en pratique.

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Pourriez-vous résumer le récent sondage du CNEF qui a établi qu’un tiers des Églises évangéliques françaises avaient été atteintes par le COVID-19 ?

Nous avons interrogé 2 500 Églises évangéliques et leurs responsables pour savoir si beaucoup d’entre elles avaient souffert de la pandémie. Nous avons reçu 580 réponses : une sur trois a vu des membres être malades, voire parfois mourir. Si certaines n’ont eu que quelques cas, d’autres ont constaté qu’un tiers de leur auditoire était malade et une petite minorité a eu plus des deux tiers atteints du COVID-19. Nous avons déploré au moins 72 décès.

[Note de l’éditeur : La grande Église évangélique« La Porte Ouverte Chrétienne » de Mulhouse, suite à sa convention annuelle de prière rassemblant des gens de toute la France, a été, bien malgré elle – et sans commettre d’imprudence ni transgresser les directives de l’État alors en vigueur – l’un des clusters importants dans la propagation du coronavirus. Elle s’est alors retrouvée au centre d’un tourbillon médiatique très critique au point que 31% des évangéliques français considèrent que l’un des défis prioritaires est de « restaurer dans les médias la mauvaise image des évangéliques, tant au niveau local que national ».]

Comment le CNEF a-t-il pris la défense de « La Porte Ouverte » de Mulhouse et comment s’est-il efforcé de restaurer l’image des évangéliques en France ?

L’Église « La Porte Ouverte » étant membre d’une fédération évangélique, elle-même membre du CNEF, il était de la responsabilité du CNEF d’apporter une aide et des conseils aux responsables dans la gestion de la crise. C’est ce qui a été fait par le Directeur général et le Directeur de communication. De son côté, le délégué départemental du Haut-Rhin a redoublé d’efforts auprès de la Préfecture et lors d’interviews pour défendre cette Église évangélique. Le CNEF a pris aussi la défense de cette Église sur les réseaux sociaux, et chaque fois que le Président du CNEF a été interviewé par les journalistes.

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Le CNEF a publié plusieurs communiqués pendant la pandémie pour montrer le sérieux des évangéliques dans le respect des consignes sanitaires. Il a aussi largement diffusé auprès de ses membres, mais aussi des médias et de l’administration française, un guide de bonnes pratiques pour aider les responsables d’Églises à reprendre les cultes dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire. Ce guide a été remarqué, et sa qualité a souvent été appréciée et soulignée dans la presse.

Quelles leçons les Églises, qu’elles se trouvent en France ou ailleurs, peuvent-elles tirer de la pandémie du coronavirus ?

Les Églises ont plusieurs champs d’actions à travailler et un message de solidarité à faire entendre. Elles peuvent manifester leur proximité et leur compassion en proposant de l’aide au moyen d’œuvres caritatives et de bienfaisance ou en proposant des services appropriés là où ils font défaut.

Envers les malades, l’Église peut s’investir dans un service d’aumônerie, de visiteurs de malades, car la présence humaine adoucit l’épreuve et elle doit prévoir un programme de prière pour invoquer le Seigneur afin qu’il use de bonté et de compassion à leurs égards.

Cette crise a mis en avant les nouvelles technologies, or il existe encore un certain nombre de nos contemporains qui n’ont pas accès au numérique ou qui en ont peur. L’Église doit être présente auprès de ces personnes isolées et les aider.

Les valeurs chrétiennes que nous défendons ne peuvent rester au niveau des paroles et des discours, mais elles doivent se traduire par des projets et des actes concrets incarnant ainsi la vérité qui résume toute la loi divine en laquelle nous croyons : « tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

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